Résidence Verte

 A la demande de la DRAC Occitanie, la Filature du Mazel a proposé le beau dossier artistique de Douce Mirabaud pour une résidence d’artiste plasticienne dans le cadre du programme Résidences vertes du ministère de la Culture. Ce programme doit permettre d’élaborer les préconisations des futures écoconditionnalités des résidences d’artistes plasticiens en territoire. (Re)faire Causse se déroulera de décembre 2023 à l’automne 2024 sur le Causse de Blandas, accompagné d’un binôme d’écoconseillères : Léa Bresson (Demain dès l’Aube) et Anaïs Grasset (PETR Causses et Cévennes).

 

Notes de l'artiste : 1 ère session décembre 2023.

 

De Lorient à Blandas, je voyage en train, en métro, en bus, puis pour les vingt derniers kms, la voiture. 12 heures sera la durée de mon déplacement partagé pami d’autres individus, caractéristique des transports en communs. Mon esprit dessine des formes d’imbrication articulant ce Nous en mouvement organisé dans ces unités de lieu structuré par le temps, le moment, le rendez-vous. Ce Nous en tant qu’ensemble de corps humains parmi le milieu des vivants, transformant la nature en des paysages comme des signes multiples de ce que nous sommes ; s’estampillent des traces ineffables et symptomatiques d’une cohabitation poreuse d’équilibres ultra précaires avec le monde minéral, végétal, animal.
Je pars vers les Causses, je me rends sur les Causses, je suis sur les Causses avec en tête comme thématique esthétique la relation du patrimoine lithique et de l’eau. Durant mon premier séjour en décembre, j’ai arpenté le plateau alternant le rythme binaire de la marche à pied et le glissement du vélo électrique sur la départementale 113. Le déplacement du corps émanant le moins de dioxyde de carbone possible comme condition de projet installe une certaine lenteur.
Au creux d’un chemin en sortie de Blandas, je surplombe le vide nichant dans son fond le lit de la Vis. Au-dessus de moi le rocher du Loup couronne le sentier. En fond sonore je perçois le bruit lointain des voitures, à l’horizon un vautour plane, dans le ciel apparaissent les sillons des avions et le cliquetis sec de l’éboulis de petits cailloux provoqué par le passage d’un mammifère sur la paroi rocheuse définit assez bien l’enchevêtrement de ces différents milieux et temporalités rassemblés ici, au bord de ces plateaux fracturés par le mouvement des plaques tectoniques de l’ère tertiaire. Le temps géologique a permis la survie de l’espèce humaine. Je pense aux grottes et aux boyaux architecturant ces falaises de calcaire. Je pense aux pluies traversant le sol, emportant avec elle l’acidité de la terre et de ce fait, creusant des réseaux d’eau scellés dans l’antre des causses dont le circuit et le nombre sont inestimables. La profondeur des gorges est époustouflante...Un spectacle...plus que ce mot, cette position de spectatrice me questionne.

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